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Paysages naturels et activités humaines en baie de Somme : vers une anthropologie écologique

Paysages naturels et activités humaines en baie de Somme : vers une anthropologie écologique

Jean-Paul Ducrotoy

Institute of Estuarine and Coastal Studies, the University of Hull, Hull HU6 7RX, Royaume-Uni

e-mail : jean-paul.ducrotoy@hull.ac.uk

 

Référence à citer :

Ducrotoy, J.-P., 2007. Paysages naturels et activités humaines en baie de Somme : vers une anthropologie écologique. estuaires-littoraux.emonsite.com Milieux estuariens et littoraux. <http://www.estuaires-littoraux.emonsite.com/conferences> [consulté le ...]

RÉSUMÉ

Cette conférence défend une théorie générale transdisciplinaire des rapports entre l’homme et son milieu, naturel, social et culturel. Une écologie culturelle véritable doit transcender l’étude des conditions pragmatiques de l’adaptation des humains à leur environnement pour se concentrer sur les niveaux de signification symbolique dont les personnes recouvrent leur milieu de vie. Reprenant l'idée de « taskscape », promue par Tim Ingold (2011), l’auteur considère qu’il n’existe pas de dichotomie entre la société et la nature. Ainsi, le paysage (et le taskscape qui lui correspond) consiste en un espace socialement construit de l'activité humaine, interprété comme ayant des limites spatiales et où s’inscrivent des activités et des pratiques cibles de l’analyse. Le « taskscape », comme le paysage, est considéré en évolution constante, plutôt que dans un état immuable statique ou non (« working landscape »).

L’approche de l’aménagement prend ici en compte l’évaluation de la complexité technologique contemporaine qui doit s’intéresser non seulement à des outils matériels mais aussi aux connaissances et compétences requises pour les utiliser. C’est pourquoi on doit s’intéresser à de nombreux gestes de la vie quotidienne, comme marcher, se localiser, aller à bicyclette, utiliser un ordinateur (…) c’est-à-dire de tout un ensemble de pratiques et de comportements humains liés intrinsèquement à l’environnement dans lequel ils prennent place. On aboutit ainsi à l’intégration de connaissances disciplinaires qui étaient analytiques et déconnectées, raccordant désormais l’homme biologique, au social et au culturel.

Prenant des exemples en Picardie maritime, l’auteur tente d’expliquer certaines prises de position et attitudes tant des autorités locales que des divers utilisateurs du milieu. Il ne s’agit pas d’une démonstration linéaire fondée sur une succession logique de thèmes interdépendants mais d’une évaluation où certains aléas (notamment ceux liés au changement global) sont considérés comme entraînant une évolution du milieu non souhaitée qui pourraient provoquer un désordre social

Toutes les formes de société produisent leurs propres visions de l'environnement naturel, visions qui influencent leurs choix des dangers qui méritent d'être pris en considération.

Mot-clés : baie de Somme, estuaire, anthropologie, écologie culturelle, restauration

Introduction

Les écosystèmes côtiers, les estuaires en particulier, sont parmi les plus convoités par les humains, tant du point de vue écologique que socio-économique. La variété et l’intensité des pressions d'origine anthropique qui s’y exercent créent des perturbations écologiques dont l’origine va du local au global. Comment y concilier une exploitation intense des ressources vivantes en parallèle avec une croissance économique contraignante et le besoin d’espaces à réputation naturelle pour le ressourcement des populations humaines denses qui y font vivre le tourisme (Vinebrooke et al., 2004) ?

Malgré de lourds impacts résultant des activités qui s’y pratiquent, ainsi que dans les bassins versants, un réel besoin de « nature » s’exprime dans les estuaires européens, exigeant des aménagements propices aux activités touristiques et de plein air qui vont de la chasse au gibier d’eau aux sports aquatiques en passant par l’observation ornithologique. Or, parmi les impacts connus, la perte ou la dégradation d'habitats représente une mutilation qui peut s’avérer néfaste non seulement pour les activités dites de « nature » mais aussi pour le fonctionnement global de l’écosystème estuarien considéré.

La perte peut être permanente, la zone humide disparaissant purement et simplement, convertie en zone industrielle, portuaire ou agricole. La construction de polders a longtemps répondu en Europe à ce besoin foncier. Ainsi, dans pratiquement tous les estuaires à marée du Nord-Ouest européen, de vastes étendues de prés salés ont été endiguées et transformées par des équipements portuaires et industriels, ou convertis en pâturages et autres terrains agricoles. En baie de Somme (France), il faut compter environ 250 km2 qui ont été conquis sur la mer au cours des derniers siècles, sur une zone intertidale qui devait représenter plus de 300 km2 au XVIe siècle (Ducrotoy, 2007).

La perte peut aussi s’avérer temporaire ou localisée, le plus souvent suite à une pollution sous forme de rejet contaminé ou d’un excès de nutriment provoquant un phénomène de dystrophie. On ne peut remédier à ces deux types de dégradation que par la dépollution, la restauration ou la re-création des biotopes perdus (Ducrotoy, 2010). Une telle approche est relativement récente et s’appuie sur l’ingénierie écologique qui a permis l’essor récent d’un nouveau type d’aménagement, mis en application tout d’abord dans les pays dits anglo-saxons (Royaume-Uni et États-Unis), menant à des actions de ré-estuarisation ou de dépoldérisation.

L’origine de ce mouvement de « restauration » plonge ses racines tout à la fois dans la vie monastique et le mouvement romantique, mais se concrétisera grâce à la révolution scientifique qui a favorisé l’éclosion de la science écologique. Au début du XXe siècle, on redécouvre les lois de Mendel en génétique, tout en les intégrant au darwinisme qui s’avérera une théorie robuste de l'évolution. Un tournant dans la pensée est effectivement pris : l’interdépendance entre les êtres vivants devient envisageable autrement que dans les termes d’une nature providentielle où tout s’inscrit dans une harmonie divine. Nombreux sont ceux qui au cours des dernières décennies ont réalisé la valeur de cette approche non seulement comme un élément essentiel de la conservation de la nature, mais aussi comme le cadre d’un compromis entre les humains et leur planète dans une relation devenue conflictuelle.

Le développement du tourisme au XXe siècle, en particulier dans les années 1980, a amené de plus en plus de personnes à s’intéresser à la faune et à la flore. L'inquiétude face à la pollution s'est accompagnée d'un besoin de « connaître ». Les valeurs adoptées par les résidents des milieux industrialisés et urbanisés et la perception négative qu’ils peuvent en avoir les a amenés à revenir vers des activités de loisir qui reposent sur l’accès à des ressources naturelles. Ces « socio-écosystèmes » nouveaux commencent à peine à être compris à travers d'études transdisciplinaires en socio-écologie, une discipline encore plus jeune que la restauration écologique, mais qui nous met au défi de tester les hypothèses existantes et des idées nouvelles sur les interactions entre les personnes et leur environnement (Pickett et al., 2008). En particulier, à côté des résidents organisés, des groupes communautaires, des responsables gouvernementaux et locaux, des entreprises et des ports, des organisations non gouvernementales et des planificateurs et concepteurs professionnels, il existe des utilisateurs invisibles. Ces derniers peuvent inclure les touristes ou simplement des « visiteurs » qui n'étaient pas forcément prévus initialement, sans oublier, développement durable oblige, les générations futures qui devraient bénéficier des sites restaurés. Évaluer les besoins de ces utilisateurs est difficile, mais essentiel à la réussite à long terme et à la survie d'un site. Comprendre comment un site et les besoins de ses utilisateurs changent avec le temps pourra aider à assurer la pérennité, non seulement du site restauré mais aussi de l’estuaire en tant qu’écosystème.

Cet article se fixe pour but d’explorer comment les travaux de restauration en cours en baie de Somme (France) sont perçus par le public, notamment vis-à-vis des activités de plein air que bien souvent, les politiques locales mettent en exergue dans tout processus de re-naturation. En comparant les différents systèmes de restauration, les politiques locales et nationales sont évaluées, notamment en ce qui concerne les politiques de mise à disposition du public de sites à vocation naturelle. En filigrane, s’inscrit une démarche objective ayant pour but de comprendre comment l’écologie scientifique et l’anthropologie sociale peuvent se féconder l’une l’autre.

Les estuaires : territoires en mouvement

Depuis la fin du XIXe siècle, les milieux estuariens et littoraux subissent de plein fouet les effets du développement des sociétés humaines riveraines (pollution agricole par pesticides et engrais, développements industriels et portuaires, tourisme, etc.) et des activités humaines à l’échelle planétaire à cause du changement climatique. Pour les gouvernements, l’un des grands défis contemporains est d’en assurer le développement durable tout en protégeant (ou en rétablissant) les fonctions écologiques qui s’y réalisent. Il faudra, notamment, s’assurer qu’ils puissent continuer à fournir les biens est services attendus par les sociétés humaines qui les exploitent (Luisetti et al., 2014  ; Atkins et al., 2011).

Afin de comprendre quelles sont les mesures nécessaires pour rétablir certaines fonctions écologiques amoindries dans un estuaire et son bassin-versant, il est indispensable de replacer l’écosystème en question dans son contexte hydro-morphosédimentaire. La baie de Somme se situe en Manche orientale qui, avec la mer du Nord, constitue un système épicontinental de l'Atlantique du nord-est, l'un des rares grands écosystèmes marins formés par la récente inondation d'une masse continentale qui a eu lieu il y a 20 000 ans (Ducrotoy et al., 2000 ; Ducrotoy, 2010). Cela en fait un écosystème jeune, donc en pleine mutation écologique encore de nos jours. La partie sud, qui comprend la Manche, est peu profonde et présente des conditions particulières avec de forts courants de marée. Ainsi, la baie de Somme présente des caractéristiques mégatidales, ayant été partiellement comblée par des sédiments marins poussés par la transgression marine flandrienne qui a débuté il y a environ 3 000 ans. Comme un colmatage des zones internes en a résulté, on assiste aujourd’hui à une sédimentation progradante vers le large devant l’embouchure. Cela a favorisé l’émergence de plaines d'inondation, que l’on se doit de considérer comme faisant partie intégrante du complexe estuarien, même si elles sont largement occupées par les humains. Les mécanismes géomorphologiques mis en jeu ont favorisé l’action des populations qui ont isolé de nombreux territoires par la construction de polders (appelés localement « renclôtures ») et de quelques ports. Ainsi, de grandes surfaces d’habitats marins sont devenues terrestres. Avec le développement des activités de transport maritime, la tendance s'est accélérée tout au cours du XXe siècle, entraînant une perte considérable de zones intertidales et des évolutions brutales de la géomorphologie locale.

Pourquoi restaurer les habitats estuariens dégradés ?

Dans sa plus simple expression, la restauration d'écosystèmes peut être définie comme l’ensemble des initiatives prises pour améliorer un écosystème, lui permettant d’atteindre un meilleur état, quel qu’il soit (Livingston, 2006). Cette définition n’implique pas de retour à un état antérieur, mais ne concerne que le rétablissement de certaines fonctions écologiques. Une définition maintenant considérée comme plus classique parle des procédés utilisés pour rétablir, en fonction des dégradations infligées par les activités humaines, un habitat ou un écosystème considéré comme viable autant dans sa structure que dans son fonctionnement (Elliott et al., 2007). En résumé, restaurer un écosystème consistera à rétablir les fonctions perdues par cet écosystème, ou à remplacer certaines fonctions considérées comme superflues. De façon radicale, on pourra décider du remplacement de l’écosystème estuarien touché (ou de certains habitats) par un autre écosystème qui remplira les fonctions visées. La (re)-création d’habitats pourra donc aboutir à des résultats opposés. Dans le cas de la restauration, on pourra aboutir à un système ayant gardé et même gagné des caractéristiques estuariennes, dans l’autre cas, l’estuaire n’existera plus en tant que tel.

Il ne faut pas oublier que le fonctionnement de tout écosystème repose sur des processus physico-chimiques et biologiques. Ces derniers permettent aux humains d’en tirer les bénéfices rendus par les services écosystémiques qui en découlent, comme, en l’occurrence, la possibilité d’y pratiquer des loisirs de plein air. Pour les estuaires, l’accessibilité à la navigation est un service rarement remis en cause, bien plus prisé que l’effet régulateur des flux continentaux vers la mer et la biodiversité qu’ils accueillent. À la lecture du livre d’Elliott et al. (2015) Management of Estuaries – The need to understand nature & society, il ressort que sur les dix services ayant la plus forte demande, sept sont liés à la régulation hydro-géomorphologique et deux sont directement liés à l'usage nautique ou industriel de l’eau. La fourniture de ces services écosystémiques est variable dans l'espace et dans le temps (variabilité saisonnière, par exemple) entre les habitats et entre les différents systèmes considérés. C’est donc en réponse au besoin de maintenir ou de rétablir ces services que la majorité des opérations de restauration sont mises en chantier. L’utilisation des habitats ainsi rétablis ou recréés pour des activités de loisirs passe bien souvent au second plan. Paradoxalement, les humains sont rarement considérés comme partie intégrante de l’écosystème, et les collègues sociologues, comme nous l’avons vu plus haut, en sont à utiliser le terme de « socio-écosystème » ce qui pour un écologiste est une tautologie, l’humain faisant partie, par définition, des biocénoses.

l’AMÉNAGEMENT DE LA BAIE DE SOMME

Mettre un projet de restauration écologique dans une perspective scientifique implique l’application des principes fondamentaux de l'écologie. Cependant, en raison de la popularité de certains concepts comme la biodiversité ou la productivité biologique, la définition et l'utilisation de termes consacrés peut dériver et masquer les véritables enjeux de l’aménagement en question (Ducrotoy et al., 2000 ; Ducrotoy, 2010). Par exemple, pour le grand public et les politiques, la biodiversité est à la base d’écosystèmes robustes et productifs, ce qui n’a jamais été démontré scientifiquement. Récemment, Elliott & Quintino (2007) ont mis en lumière le paradoxe de la qualité des estuaires, où une richesse spécifique rudimentaire soutient une production élevée et assure la stabilité d’un système hautement dynamique. Afin de comprendre les lourds enjeux politiques qui sous-tendent la mise en œuvre de projets souvent complexes de restauration estuarienne, l’exemple de la baie de Somme met en lumière comment, malgré tout, un lien (parfois ténu), peut se recréer entre les habitants et le milieu écologique. Ainsi, on pourra en juger, apportant ainsi le regard d’un scientifique sur les relations entre les loisirs « nature » et les communautés vivantes de l’estuaire, et explorer les principaux enjeux sociologiques d’une politique de restauration dite « écologique ».

 

Imbriquée entre plusieurs bassins d’activités européens d’importance majeure, la baie de la Somme fait figure de réserve « sauvage » entre des pôles urbanisés et industrialisés, ayant une réputation d’authenticité et d’isolement. Elle attire de nombreux touristes cherchant à se ressourcer autour d’un patrimoine mis en valeur par de gros investissements tant financiers que sous forme d’actions protectrices nationales et européennes (réserve naturelle, arrêtés de biotopes, Zone importante pour la conservation des oiseaux – ZICO, NATURA 2000, Conservatoire des espaces littoraux et des rivages lacustres – CELRL, Zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique, etc.) et internationales (Grands Sites Naturels). On ne peut passer sous silence que la baie de Somme est recensée comme l’une des « plus belles baies du monde » par adhésion à une association qui délivre le label à ses membres. Parmi l’éventail des pratiques traditionnelles qui ont contribué à l’identité territoriale du site, la chasse détient l’antériorité. Historiquement, sa pratique est liée à la fois à l’existence de grands domaines cynégétiques et aux concessions attribuées par les Affaires maritimes aux individus qui en font la demande pour creuser des mares et installer des huttes. Dans l’indifférence générale, pendant une grande partie du XXsiècle, ces espaces ont été volontairement maintenus dans un état pseudo-sauvage à des fins ostentatoires de loisirs. Ils constituent, de fait, des milieux artificialisés qui ont permis la reconversion du site estuarien en espaces dits naturels, perçus comme sensibles et sauvages (Ducrotoy & Kalaora, 2009). Usages traditionnels, activités de subsistance (cueillette, mytiliculture, pêche à pied, récolte des vers, agriculture ovine, extraction de galets) et tourisme rentrent maintenant en conflit avec la nouvelle vocation « écologique » de l’estuaire et des zones péri-estuariennes, et les projets de dépoldérisation en cours.

D’après les prestataires de service (hôteliers, guides nature, etc.) et diverses administrations régionales et nationales, ces milieux sont menacés par ce qu’il est convenu d’appeler « l’ensablement de la baie de Somme » qui s’accompagne, pour l’heure, d’une expansion des herbus (localement « mollières »). Comme au Mont-Saint-Michel, on rêve de redonner à la baie son caractère soi-disant maritime. Cependant, des controverses agitent le milieu scientifique et celui des experts à propos du colmatage ou non de la baie d’ici 2050, car, complexité oblige, l’élévation du niveau de la mer liée au changement global peut aboutir à une tout autre issue et faire reculer le trait de côte. Ce processus est en cours notamment sur le site de Cayeux, à l’entrée de l’estuaire, où la digue de galets devient inefficace et se voit dotée de nombreux épis en béton devant fixer la ligne de rivage. En d’autres endroits de la zone péri-estuarienne, des projets ambitieux de dépoldérisation sont en cours ou projetés par les autorités locales et régionales, au voisinage du port du Hourdel et dans le Hâble d’Ault près de Cayeux-sur-Mer.

restauration écologique des estuaires et société

Parmi l’éventail des pratiques qui ont contribué à l’identité territoriale de nombreux estuaires français, nous avons mentionné la chasse dans la Somme. La façon dont se pratique ce loisir encore aujourd’hui, montre que les identités ont du mal à évoluer, à côté (et souvent en conflit avec) d’autres qui émergent et de territoires qui se redessinent avec peine. Les chasseurs revendiquent d’être des acteurs territoriaux, la chasse au gibier d’eau se réclamant d’une économie traditionnelle, qui serait encore en vigueur à notre époque. Les espaces volontairement maintenus « sauvages », mais en réalité fort artificialisés pour cette activité, constituent « les infrastructures écologiques » qui ont attiré les activités touristiques contemporaines et ont servi de base à la reconversion de la baie de Somme, tout comme d’autres sites estuariens français, en espaces à réputation naturelle et sauvage. Cette notion repose sur une idée de la biodiversité éloignée de la réalité scientifique car reposant sur la mémoire collective des sociétés de chasse et les traditions qui s’y attachent. Ainsi, la façon d’entrevoir la biodiversité reflète-t-elle le comportement d’un groupe social. Une telle conception pourra entrer en conflit avec une gestion rationnelle du milieu et s’avérer responsable de blocage de projets de restauration impliquant, notamment, la dépoldérisation. D’une façon générale, les communautés locales se sentent détentrices d’un mode de vie aux pratiques traditionnelles dont elles sont les seules garantes. Malgré des investissements financiers conséquents consentis par le Conseil général de la Somme au travers de son syndicat d’aménagement, une grande partie des résidents s’estime flouée. Les autorités et les locaux ne semblent pas parler le même langage. Les travaux pour maintenir le trait de côte qui s’alignent aujourd’hui tout le long du littoral picard et de la baie de Somme, jusqu’à l’Authie, ne semblent pas répondre aux préoccupations des riverains. Les habitants, et encore moins les touristes, ne participent au processus de planification et de gestion. Les familles originaires de Picardie maritime ou les retraités qui y viennent en villégiature ne se sentent pas suffisamment qualifiés pour intervenir de façon crédible. Les décisions prises par les autorités et les élus sont perçues comme à court terme et de toute façon, peu transparentes. À l'heure actuelle, il existe un manque de confiance profond qui est véhiculé par de petites associations locales, dont la survie repose souvent sur une poignée ou même un seul individu. Les autorités répondent à ces préoccupations en organisant des « réunions d’information » souvent interprétées comme de la propagande. Il faut encourager les autorités à entamer un véritable dialogue, à contribuer à combler les lacunes dans les connaissances, et à fournir des stimuli en faveur du développement régional durable en collaboration avec les résidents, voire les touristes, qui, malgré tout, consomment la pseudo-nature à belles dents. La mise à disposition de plus d'information sur les points forts de la région pourrait favoriser une plus grande connectivité et un esprit communautaire cohésif. C’est un des objectifs que pourra se fixer le futur parc naturel régional en cours de création.

Pour comprendre comment les habitats estuariens restaurés ou protégés s’intègrent dans un milieu naturel en plein mouvement, on doit les replacer dans les paysages environnants. Derrière les espaces voués à la conservation se dessine une politique paysagère qui confère au territoire une vision panoramique mais figée. Ce sont des espaces immobilisés et clos, qui se veulent des lieux d’éducation où se superposent les mesures de protection de la nature traduisant une politique paysagère contemporaine (Sirost, 2009). Il s’agit plus d’un « paysage moral » qu’il convient de préserver et de léguer aux générations futures qu’un lieu d’action et de réalisation pour les individus. Il alimente les discours politiques et concrétise les législations mises en œuvre. La nature se consomme à petites doses sans engagement individuel.

Dans la Somme, les conflits se définissent en termes de concurrence spatiale et sont liés à des choix de développement dont le tourisme et l’aménagement de l’estuaire, de la vallée et de la plaine maritime constituent l’enjeu majeur. Ces milieux constituent un vaste espace constitué de bancs de sable, de vasières, de prés salés et de prairies humides. L'eau y est omniprésente. Touristes et chasseurs s’y disputent de plus en plus âprement la jouissance d’espaces de liberté. Néanmoins, ces ressources mal exploitées attirent d’autres utilisateurs (agriculteurs, naturalistes…). L'élevage du bétail constitue, à côté de l’industrie des loisirs, la principale activité économique locale et aide au maintien du caractère ouvert des paysages péri-estuariens (Ducrotoy & Kalaora, 2009). Dès lors, toute une série de questions se posent autour de la capacité à gérer les conséquences biologiques, économiques, sociales d’une possible remise en eau de certains polders. Dispose-t-on d’outils d’évaluation et de prospective pour suivre des systèmes dynamiques et fluctuants (rappelons à ce propos les controverses sur la vitesse et le sens d’évolution de la baie et les difficultés de la modélisation due au manque de levés bathymétriques) ? À quelle échelle doivent se faire les observations ? Faut-il privilégier une approche écosystémique et multiscalaire ? Si l’ensablement est un processus inéluctable, faut-il accélérer ou au contraire retarder sa dynamique et si oui pourquoi ? Du point de vue de la biologie de la conservation, est-on en mesure de comparer les apports entre ensablement et dépoldérisation pour la sauvegarde de paysages estuariens uniques ? L’argument de la supériorité des terres dépoldérisées du point de vue de la productivité biologique n’est-il pas à prendre avec précaution et ne répond-il pas en partie à des intérêts économiques de développement de loisirs « nature » élitistes dont le Conseil général de la Somme se fait l’agent principal ?

Comment réaliser l’intégration de la restauration et des activités qui en dépendent dans une vision globale d’un estuaire ? Le paysage est longtemps resté cantonné à la définition d’étendu qui s’offre à la vue d’un observateur, définition peu amène dans une approche écologique. Reprenant l'idée de “taskscape” (incluant les relations entre le paysage et les pratiques qui y prennent place) , promue par T. Ingold (Guille-Escuret, 2003 ; Ingold, 2000), l’auteur considère qu’il n’existe pas de dichotomie entre la société et la nature, et que l’écologie, par définition, intègre l’humain dans sa réflexion. Ainsi, le paysage (et le taskscape qui lui correspond) consiste en un espace socialement construit de l'activité humaine, interprété comme ayant des limites spatiales et une délimitation de frontières aux fins d'analyse. Le taskscape, contrairement au paysage, est à considérer en évolution constante, plutôt que dans un état immuable statique ou non. Comme nous l’avons vu, les zones estuariennes réhabilitées ou re-naturées restent souvent « inhabitées » et non « vécues », et deviennent difficilement de véritables taskscapes où l’individu se construit et agit. Les estuaires sont soumis à tout un éventail de pressions anthropiques qui se révèlent au niveau de ces taskscapes. Ce sont ces activités qui contribuent à la perte ou la transformation d’habitats ou, par exemple, la perturbation des régimes hydrologiques provoquant des inondations ou des conditions d’étiage inattendues. Ces modifications peuvent avoir un impact sur les ressources au travers d’un télescopage des processus initiaux dont les effets peuvent s’avérer cumulatifs ou synergiques, mais affectent la stabilité globale du système et menacent sa résistance puis sa résilience. Au travers de la compréhension de ces taskscapes, il devrait être possible de replacer la restauration dans un système de gestion itérative de l'environnement qui traite l'environnement comme une entité à gérer comme un tout dans l’esprit d’une approche holistique (Ducrotoy, 2015). Restaurer ne serait plus ainsi un geste isolé contribuant à transformer le milieu en un « patchwork » de mini-réserves à but pédagogique mal défini, à la faveur de loisirs proches de l’oisiveté.

L’une des conséquences immédiates de l’ensablement de la baie de Somme est que les espaces naturels, qui aujourd’hui font l’objet d’une mise en patrimoine, seront vraisemblablement remplacés par d’autres, ensablés ou submergés. On voit le dilemme auquel devront faire face décideurs, aménageurs et conservateurs. Faut-il contrecarrer ces changements pour maintenir à tout prix l’image maritime d’un écosystème estuarien dans une perspective de développement touristique à court terme ou au contraire s’adapter à ces modifications et développer des formes d’usages autres que seulement touristiques, tout en se préparant à gérer les conséquences matérielles de l’élévation contemporaine du niveau de la mer sur des dizaines d’années ?

Les aménagements proposés en baie de Somme semblent s’orienter vers une sorte de « Nature-Land », comparable à un parc d’attraction où les visiteurs viennent consommer leur part de nature sans véritablement vivre leur expérience. Alors s’exprime une artificialisation psychologique du paysage au nom de loisirs de découverte qui font des acteurs de cette pseudo-aventure des spectateurs passifs et des chalands domestiqués. Ingold oppose la perspective « résidentielle » (« dwelling perspective ») à la perspective « constructrice » (« building perspective »). La première aborde l’immersion de l’organisme-personne dans l’environnement du milieu de vie comme une condition sine qua non de l’existence alors que, selon la seconde, les gens construiraient leur monde, en toute conscience, avant de pouvoir agir en lui (Guille-Escuret, 2003 ; Ingold, 2000). C’est bien le cas, ici, en ce qui concerne les habitats estuariens reconstitués. Les promoteurs des actions de restaurations pensent que le simple fait de « construire » un habitat réputé naturel en fera un lieu de vie pour les riverains et les habitants des villes voisines. En tant que scientifique, je me sens remis en cause mais aussi dynamisé quand Ingold affirme qu’une écologie culturelle véritable doit transcender les conditions pragmatiques de l’adaptation au milieu pour se concentrer sur les niveaux de signification symbolique au travers desquels les humains perçoivent leur environnement. La temporalité des paysages, la topologie de l’environnement, l’utilisation des cartes et la façon d’y retrouver son chemin, la vision, l’ouïe et le mouvement humain ne conditionnent-ils pas la manière dont les personnes se façonnent une « niche » dans le monde ? L’approche des activités de plein air doit tenir compte non seulement des outils matériels mais aussi des connaissances et des compétences requises pour les utiliser. Pour cela, on doit s’inspirer de nombreux gestes de la vie quotidienne, comme marcher, se localiser, aller à bicyclette, utiliser un guide-nature, c’est-à-dire de tout un ensemble de pratiques et de comportements humains liés intrinsèquement à l’environnement dans lequel ils prennent place. C’est probablement, ici, l’une des clés de l’intégration de la restauration dans la société.

 

Conclusions

Les zones humides et les milieux aquatiques estuariens sont en péril, même lorsqu'ils sont gérés par des administrations de bonne volonté. Les zones intertidales sont les plus vulnérables en raison des besoins fonciers des ports, de l’industrie et de l’agriculture. La ville voisine où résident les acteurs de cette occupation s’étend le plus souvent en dehors de l’estuaire (là où se sont implantés ports et industries) mais occupe le plus fréquemment des zones péri-estuariennes fragiles. La priorité pour les restaurer doit être reconnue et doit faire l'objet d'un véritable consensus dans le cadre d'une approche écosystémique et interdisciplinaire. Des études récentes (voir par exemple Moussard et al., 2008) ont montré que, dans les estuaires de la Manche, les fonctionnalités essentielles s’y déroulaient encore, mais étaient plus ou moins défaillantes. La priorité est de rétablir les liens fonctionnels fragilisés entre la plaine alluviale et l'axe du fleuve dans son lit mineur, conduisant à une amélioration des processus hydrologiques et biologiques. Cependant, malgré le besoin de concevoir de tels aménagements dans un esprit holistique, l’exemple de la baie de Somme illustre le manque d’intégration des projets de restauration dans un plan d’aménagement global de l’estuaire, projeté sur le long terme. Une vision écologique à long terme, s’appuyant sur une bonne connaissance des évolutions passées des sites concernés, permettrait de bâtir des scénarios en faveur de la promotion des activités locales en harmonie avec les conditions changeantes de l'estuaire. La dimension touristique est surajoutée aux projets qui devraient surtout être destinés avant tout à lutter contre les inondations que provoquera l’élévation du niveau de la mer. Les infrastructures existantes et les cadres administratifs rigides empêchent de créer ou de restaurer de vastes étendues de lieux sauvages dans les zones les plus artificialisées de l'estuaire. Pourtant, une planification adaptée et diligente, alliée à un design créatif pourrait réussir. Pour y parvenir, un tel cheminement de pensée implique le dialogue. On constate que, malheureusement, son absence représente une pierre d’achoppement majeure dans la mise en œuvre des politiques de protection et de valorisation de la nature qui y sont présentées. Même dans les cas où il existe un consensus sur la nécessité de gérer rationnellement et de conserver les milieux originaires, l'élaboration des politiques de gestion ne peut se passer de phases de négociations intégrées dans le déroulement des projets : sur la façon dont le problème se pose et sur des propositions et des solutions aussi diverses que possible pour répondre aux exigences socio-culturelles des populations locales. Ainsi, par exemple, les initiatives de restauration écologique rencontreront généralement des difficultés dans la mise en œuvre de l’aménagement lui-même mais, surtout, dans l'utilisation ultérieure du site restauré, dans les modes d'accès du public, ainsi que, plus généralement, dans les stratégies de gestion du site. Il faut rester conscient que les politiques sous-tendant toute négociation s’appuient sur des modalités de partage du pouvoir, qu'il s'agisse de l’exploitation des ressources vivantes ou minérales, et du rôle et des intérêts des acteurs concernés (Baker & Eckerberg, 2013). L'absence de plans de gestion s’inscrit en filigrane dans le site étudié ici. Il est fortement recommandé que ces plans soient mis en place dans tous les estuaires européens (Elliott et al., 2015). Une bonne compréhension des stratégies de gestion adaptative s’avère nécessaire pour établir un dialogue entre gestionnaires et autres parties prenantes, notamment sur des questions techniques de gestion. Toutefois, le mouvement de professionnalisation et d’institutionnalisation de la participation, observé ces dernières années ne va pas sans donner lieu à des remises en cause et des critiques, que ce soit à l’encontre des risques de dilution de la décision, voire de généralisation de la défiance, que favoriserait la participation ou à l’encontre d’une technocratie de la participation plus favorable à l’essor de procédures contrôlées qu’au libre développement de la critique dans la société, et de la dépolitisation des enjeux que produirait la démocratie participative.

Pour l’écologiste, le paysage se compose de communautés animales et végétales qui se distribuent et inter-agissent dans une unité géographique donnée : l’écosystème. Suivant une telle définition, la dimension humaine est intégrée de facto. Non seulement on ne peut envisager le biotope sans prendre en compte des éléments physiques tels que des formes de relief, le cycle de l’eau, etc., mais on ne peut non plus escamoter l’intervention des sociétés humaines qui modifie la fréquence et/ou l’intensité de certains facteurs tels que, par exemple, l'éclairement par l’éclairage artificiel, sans parler de pollution chimique, etc. Ces activités résultent de choix socio-politiques suivant des modèles variés selon les cultures qui s’imbriquent néanmoins du local au global. Comme les autres êtres vivants, les humains modifient et tentent de s’adapter à leur environnement. De nos jours, l’échelle des perturbations et des transformations imposées aux écosystèmes, et donc aux paysages que nous percevons, se démultiplie. La croissance économique effrénée, l’exploitation non durable des ressources, et la marchandisation des ressources vivantes et minérales ruine les paysages naturels et bâtis, déconnectant les utilisateurs du milieu de leur environnement et menacent leur sentiment d’appartenance à leur lieu de vie (sens of place). Paradoxalement, les opérations de restauration sont souvent accueillies dans l’indifférence ou avec perplexité par les habitants de la région concernée. Certains défenseurs du patrimoine peuvent même réagir de façon contre-productive, qui rejette pratiquement toute évolution du paysage. Peter Cannavò (2007) identifie ce type de conflit entre le développement et la préservation comme un facteur majeur d’un malaise typique des milieux urbains, péri-urbains, ou ce qu’il est convenu d’appeler maintenant rurbains (la ville étant quasiment partout dans les contrées explorées ici). Cannavò offre des solutions de rechange pratiques et théoriques à cette impasse, en proposant une approche qui englobe à la fois le changement et la stabilité et unifie les valeurs démocratiques et écologiques : le concept de « paysage fonctionnel – working landscape ». Il fait valoir, que le paysage n'est pas un objet passif mais traduit une pratique humaine qui implique l'organisation physique et conceptuelle de l’environnement dans un paysage durable et cohérent. Il est vrai que les zones estuariennes réhabilitées ou re-naturées étudiées ici restent « inhabitées » et non « vécues », et deviennent difficilement de véritables taskscapes où l’individu pourrait se construire et agir. Cette position rend psychologiquement difficile la reconquête des habitats dégradés. Il ne faudrait pourtant pas tomber dans un romantisme selon lequel la situation actuelle serait si radicalement différente des situations passées que toutes les philosophies passées, toute la pratique rationaliste, ne suffiraient plus. Ces dernières constituent des outils qu’on ne peut jeter brutalement au panier. H. Jonas (2000) va jusqu'à affirmer que la frontière entre État et nature aurait été abolie. Il va jusqu’à déclarer que :

« la différence du naturel et de l'artificiel a disparu, le naturel a été englouti par la sphère de l'artificiel. »

Une telle affirmation ne peut mener qu’à l’inaction, laissant penser que l'humanisation de la nature a atteint un point tel que l'homme ne retrouve plus que lui-même et ses propres produits en dehors de lui. On en arriverait alors à la technophobie et on risquerait de manier l'hyperbole, sans réussir à maîtriser l’intégration du développement économique (ce qui ne signifie pas, bien sûr, la croissance) dans les écosystèmes. Le meilleur cadre pour l'incorporation de la préservation dans les stratégies de développement ne consisterait-il pas en une gouvernance démocratique régionale (donc décentralisée) ? On est très loin encore en France d’une perspective de gouvernance qui repose sur une réelle décentralisation, favorisant le tissage de liens entre scientifiques, sociologues, économistes et les collectivités locales, s’appuyant sur des observatoires et instituts pluridisciplinaires, spécialisés dans les problématiques littorales. Le développement d’un système d’évaluation des politiques publiques y serait ainsi favorisé. De leur côté, les experts, qu’ils soient écologues, biologistes ou sociologues, devraient mieux prendre en considération dans leurs travaux le contexte public et social dans lequel ils sont amenés à intervenir.

 

Références

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021